Témoignages

Quelques témoignages de patients qui ont accepté de partager leur chemin les menant à l’amour et à liberté…

Mon bocal et ma lumière

Je suis née de père inconnu, mais je ne l’ai pas toujours su. Je l’ai appris à 18 ans, un vendredi soir, dans un restaurant, entre la pizza et le café.

Ça ne risquait pas de changer grand-chose : celui qui m’avait reconnue à la naissance était parti quand j’avais 2 ans. Alors lui ou un autre… de toute façon, le résultat était le même. J’avais pris l’habitude de dire que mon père était mort. C’était plus acceptable que de dire que je n’en avais pas, car dans ce cas, c’était forcément ma faute.

Je suis restée dans mon bocal (la maîtrise), avec mes petits compartiments : peur, colère, tristesse, insécurité, abandon, honte, manque… le tout bien rangé et surtout bien verrouillé. Au fil du temps, cette espèce de honte de ne pas être comme les autres m’a fait ajouter des compartiments : ne pas faire de vagues, être discrète, être sage, ne pas prendre la parole — ou pas trop —, devenir presque transparente, ne pas donner mon avis. Je voulais tellement être aimé, être légitime, qu’on me reconnaisse.

Je suis devenue mère. J’ai senti assez vite qu’il se passait quelque chose, ma fille faisait naitre en moi des émotions que je ne reconnaissais pas.

J’ai eu envie de comprendre, et le livre L’émotion au cœur des enfants d’Isabelle Filliozat a généré un vrai tsunami de larmes. Ma fille avait 6 mois et je pleurais comme une madeleine dans le bus qui me ramenait du travail. Tellement d’échos avec, ce que j’apprendrais à nommer après : ma petite fille intérieur.

Première prise de conscience : je ne veux pas faire vivre à ma fille ce que j’ai vécu. Deuxième prise de conscience, ultra douloureuse : l’homme avec qui je partage ma vie n’est pas celui avec qui je veux être. Ce qui voulait dire renoncer à mon rêve de famille : plusieurs enfants, la grande table dans la cuisine, les rires, ce tourbillon bienheureux que j’imaginais des familles nombreuses… moi qui m’étais sentie si seule toute mon enfance.

Il me faudra 4 ans pour faire un pas et rencontrer Jenny. Quelle rencontre ! Je me souviens très bien de ma première séance : « Je veux divorcer. Y’en a pour combien de temps ? Et ne me parlez pas de mes parents : mon père est mort et tout va bien avec ma mère. » J’avais évalué 6 mois pour me sortir de cette situation…

Des années de thérapie individuelle et de groupe, des maux de tête tellement c’était douloureux, des montagnes de mouchoirs, des courbatures, et des séances entières à être cette petite fille qui, dans tes bras pouvait dire combien elle aurait aimé que sa maman comprenne que son papa lui manquait et combien elle aurait voulu que son papa l’aime.

J’avais plus de 30 ans et c’était la première fois que je lâchais ma douleur, je me souviens avec beaucoup d’émotions de séances où tu m’as bercée pour m’apaiser et m’offrir cette sécurité et cet amour que ma petite fille intérieur n’avaient pas eu.

Oser prendre ma place dans les groupes, que ça a été difficile, mon cœur qui battait la chamade, mes tempes qui tapaient, ma bouche tellement sèche que j’avais du mal à parler.

Je trouvais ça tellement ridicule… J’avais honte de n’avoir comme « problème » que « pas de père ». Je me souviens avoir été en colère par ce que je n’y arrivais pas, alors je faisais la tête à Jenny lors de nos séances individuelles.

J’ose à présent dire que je suis partie de loin : reconnaître le manque de père, le verbaliser, me connecter à ma souffrance, puis l’accepter et enfin oser sortir la colère — cette force qui me terrifiait tant. J’avais confié à Jenny que je craignais de devenir folle tellement je la réprimais. Cette première colère, je m’en souviens comme si c’était hier : cette puissance, et tes mots qui ne m’ont pas lâchée : « Ne t’écroule pas ! Mets des mots, qu’est-ce que tu veux dire ? » Je l’ai entendu comme un « Bats-toi ! ».

J’ai parfois eu l’impression de ne pas avancer, de retomber dans le « trou », d’être déjà passée par là et d’y revenir… et tes mots encore : « c’est un autre niveau » « fais confiance » « c’est un processus normal, tu ne pouvais aller aussi loin avant »

Mon bocal, qui me maintenait dans ce rond perpétuel, a peu à peu laissé place à ma lumière.

Ce sentiment que tout s’éclaire, cette reconnaissance que je me donne, ma féminité qui s’affirme, cet équilibre intérieur, cette joie de vivre, cette confiance assumée, cette légitimité qui s’installe en moi. Cette paix et cette bienveillance que je m’octroie sans culpabilité. Oser, de plus en plus, me montrer telle que je suis, sans crainte. M’aimer davantage. Aller vers la lumière et oser être la femme que je suis.

J’avais dit à Jenny que ma thérapie serait terminée quand j’aurais rencontré un compagnon, que je voyais comme « la cerise au sommet de mon gâteau ». Finalement, la cerise, c’est moi !

Je voudrais terminer par te remercier, Jenny. Tu as été ma mère, mon père, un soutien inébranlable dans les moments les plus douloureux. Tu as été ma confidente, celle qui m’a acceptée sans aucune réserve, sans aucun jugement, avec tout l’amour dont tu sais faire preuve. MERCI.

Je suis prête à présent à aller vers mes désirs, je me lance !

Sandrine

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