
Je pensais que j’étais folle
Depuis mon enfance, je souffrais d’insomnies, de nuits blanches, d’anxiété, d’angoisses.
Une première dépression à 18 ans liée au départ de ma sœur ainée, puis, un mal-être vers mes 24 ans, dû à la tentative de suicide d’un de mes proches.
Est-ce normal d’être comme cela à mon âge ?
Pour mes proches, j’avais tout pour être heureuse : des amis, un fiancé, je faisais des études, j’étais en bonne santé.
Me voyant fragile, mon médecin traitant m’a conseillé de consulter une psychothérapeute, Jenny.
Je suis arrivée à son cabinet persuadée que j’étais folle.
C’est à ce moment qu’a débuté mon chemin.
Ayant subi des violences physiques et psychologiques par mon père et d'une mère dépendante, j’ai dû apprendre à faire confiance, à parler, à mettre des mots sur ce que je ressentais, à accepter mes émotions et ne plus les cacher.
Aussi difficile que cela ait été, ressentir mes émotions m’a libérée.
Cela restait un combat incessant contre mes fausses croyances, la pression familiale et mes angoisses.
Durant ce chemin, il y a eu de fortes tempêtes. Je me raccrochais comme je le pouvais à Jenny, toujours présente, toujours à l’écoute, c’était la seule qui arrivait à m’apaiser.
Je traversais cela seule, alors que cette même solitude m’effrayait.
Jenny me répétait sans cesse que j’étais obligée de passer par là pour enfin « sortir de la vase » et que c’était « le plus beau cadeau » que je pouvais m’offrir.
Puis, il y a eu de douces accalmies. Cela me permettait de voir que j’avançais ; à mon rythme mais que j’avançais. Une forme de sérénité s’installait.
J’ai appris à me connaître, à avoir confiance en moi et en la vie.
Moi qui ne savais pas faire un pas sans ma famille, j’ai appris à voler de mes propres ailes.
J’ai voyagé à l’autre bout du monde seule, et j’étais remplie de joie en vivant ces moments-là. La solitude n’était plus un fardeau, mais au contraire, un espace pour me ressourcer.
J’ai changé de voie professionnelle, je m’épanouis maintenant dans ce que je fais.
J’ai réussi, après de longues années, à prendre ma place dans ma famille, en mettant mes limites tout en restant en lien.
Il y a 2 ans et demi, j’ai vécu les pires épreuves de ma vie : l’accident grave de moto de mon père et l’annonce de mon cancer. Après des mois de lutte, j’ai perdu mon père mais j’ai vaincu cette maladie.
Si je me suis relevée, c’est grâce au chemin parcouru : j’ai compris que j’étais vraiment solide et que j’étais animée par une envie farouche de vivre et d’être libre.
Aujourd’hui, le chemin n’est pas encore terminé, je continue d’avancer mais avec pour seul objectif d’être complètement libre.
Fabienne B.